Nom de la maison
La consonance exotique de l’enseigne de la maison d’hôtes, Ishango, que l’on peut localiser sur la carte ci-contre à la pointe nord du lac Edouard, n’échappe à personne. A juste titre, puisqu’elle est le toponyme d’un petit coin précis du Congo, là où s’amorce le déversoir du lac Edouard vers le lac Albert, sous le nom de Semliki, comme la photo d’accès au site l’illustre pleinement. Il a été retenu par l’hôte de la maison, qui a accompli une carrière de près d’un demi-siècle sous les tropiques, parmi des milliers d’autres noms de lieux, pour le caractère paradisiaque du site.


Durant ses innombrables pérégrinations à travers l’Afrique centrale, Ishango a toujours été le lieu mythique vers lequel le portait son rêve de beauté et de paix. Et ce rêve l’habite toujours, au soir de sa vie professionnelle, bien qu’il soit peu probable que le site, à quelques kilomètres de la frontière ougandaise, ait échappé au vandalisme des rebelles qui ont terrorisé le Nord-Kivu.

Minuscule bourg à vocation touristique, ce petit bout de sol congolais n’était occupé que par quelques cases et en son centre, sur le promontoire dominant le lac et son exutoire, trois modestes pavillons, que leur relatif abandon finissait de rendre rudimentaires et défraîchis : un pavillon central, à peine plus haut que ses deux voisins, offrant le couvert, flanqué de deux maisonnettes à l’identique offrant le gîte. Sur la table bancale de la maison d’accueil un livre d’or où peu de visiteurs avaient laissé des signes de leur passage. Et en prime, la forte odeur des chauves-souris qui peuplent les toits du petit complexe touristique.
Mais quel spectacle que cette Semliki s’écoulant imperceptiblement du lac, dans un environnement à la fois modeste et grandiose ! Quel rassemblement d’oiseaux de tout plumage sur les berges de la Semliki ! Quelle convergence d’animaux sauvages : éléphants, buffles et antilopes venant s’abreuver et hippopotames se trémoussant dans l’eau des bords du lac et de la rivière. Quel spectacle au matin : devant, le lac dont le soleil reprend possession, à gauche, le massif du Ruwenzori, à droite, la chaîne de montagnes enserrant le lac, et derrière, la naissance des plaines arbustives de la Semliki. Quelle amabilité de la part des quelques serviteurs affectés à l’accueil, toujours prêts à faire oublier la fatigue et la poussière de la piste qui amène les trop rares touristes de Beni. ! Le passager n’échappe pas à la magie des lieux, ultime vestige du paradis perdu.
Et pour les curieux de histoire de l’espèce humaine, à un jet de pierre du camp, dans la falaise bordant la naissance de la Semliki, à l’occasion de fouilles firent surface des vestiges d’une lointaine occupation humaine du site, dont les fameux bâtons datés de 20 000 ans (deux os non identifiés couverts de traits) dont les scientifiques cherchent toujours la signification. Pour le Africains, ce sont les pièces fondatrices de l’arithmétique, pour les Européens, c’est le mystère.
Pour toutes ces raisons, Ishango est devenu le lieu fétiche de l’hôte de la maison. C’est là que lui a été révélé le secret de la porte du paradis congolais. Plus grande devient son inaccessibilité, plus mythique devient le lieu.
Nom des chambres et du séjour.
Il n’échappera pas davantage au visiteur que les noms des chambres sont étrangers à la culture occidentale. Dans ce domaine également, la maison se veut africaine. La décoration est importée d’Afrique, et les dénominations des pièces sont à l’avenant. Les noms sont relatifs aux australopithèques ou aux sites de leur découverte, appartenant au genre Homo, lointains ancêtres de la lignée humaine.
Les illustrations sont tirées de Wikipédia.
Un commentaire plus explicite se trouve affiché à l’entrée de chaque pièce.

Toumaï
(qui signifie ‘espoir de vie’: crâne fossile d’un primate mâle, possible ancêtre lointain du genre Homo, découvert (en 2001) sur les rives du Lac Tchad, âgé d’environ 7 millions d’années. Sa découverté vint ébranler les certitudes des tenants de l’East Side Story.

Orrorin
lieu au Kenya, dans les collines du Tugen, où furent découverts (1974 et 2000) des fossiles vieux de 6 millions d’années. Il reçut le sobriquet de Millennium Man, parce qu’il était au changement de millénaire le plus ancien hominidé bipède identifié. Toumaï vint lui ravir la couronne.
Birkinesh
(ou Dinknesh) : nom éthiopien de la fameuse Lucy, découverte en 1974 et baptisée du nom de la chanson éponyme des Beatles ; ensemble d’os appartenant à un squelette de femme, découvert dans les falaises de la vallée de l’Omo en Ethiopie et daté de 3,5 millions d’années ; il a fourni la preuve que l’australopithèque se tenait déjà debout à l’époque.

Sediba
Mot signifiant ‘puits, source ou origine’ en langue bantoue, appliqué à l’espèce dont des fossiles ont été découverts (2008) dans la Grotte de Malapa en Afrique du Sud ; datés de près de 2 millions d’années, ils pourraient appartenir à un ancêtre de l’espèce Homo.


Olduvai
Nom des gorges et du musée y afférent, où furent découverts (1930) par Lois et Mary LAKEY les premières fossiles des hominidés, changeant radicalement la perception de l’origine de l’espèce humaine. La gorge, qui recèle un trésor de fossiles s’étalant sur 5 millions d’années, se trouve sur la route qui conduit du Serengeti (parc de plaine) au Ngorongoro (parc de cratère). Les recherches s’y poursuivent encore aujourd’hui.
Décoration générale
En sus des dénominations des pièces, on ne peut plus africaines, la décoration de la demeure est pour l’essentiel également d’inspiration africaine. Masques congolais, velours du Kasaï, tapis de Korhogo, …du Bénin, objets coutumiers, articles artisanaux, peintures modernes, photos relatives à la faune, à la flore et à la société africain, tout concourt à offrir au visiteur un voyage initiatique ou nostalgique au cœur de l’Afrique noire.
Le gîte Ishango est décoré à l’identique de la demeure principale (sous la plus grande des deux tours – dénommée Vieux château 😉 à laquelle il s’adosse et que les hôtes intéressés peuvent visiter sur simple demande. Enfin le mobilier en bois massif dans sa totalité a été fabriqué dans un atelier artisanal de Kinshasa, dans le bois tropical précieux appelé ‘wenge’ en congolais. Il est difficile d’être plus exotique.
Pour toutes ces raisons (l’environnement, l’année de construction, la décoration intérieure, les photographies, le passé africain de l’hôte) la demeure est devenu au fil des dernières années un lieu de rencontre de diverses associations d’anciens d’Afrique tout comme d’Africains de passage en Belgique, appartenant le plus souvent aux passeurs de mémoire de l’histoire que Congolais et belges ont partagé un temps sous les tropiques.



